samedi 14 décembre 2013

Du spirituel dans l'art !

    Promenade au bord du vide…  
Le vide médian comme lieu et condition
de la communication 
entre l’humain et le divin
François Darbois 


L’homme est un être communiquant, c’est le donné fondamental de son mode d’existence dans le monde. Mais nous pouvons communiquer de bien des manières : par le geste, la parole, l’image, la sexualité, l’art, l’écriture, la peinture ou le musique. Nous pouvons communiquer avec autrui, mais également avec soi-même, avec Dieu, qu’il soit au dehors ou au-dedans de nous, cet au-delà de soi-même. La méditation par exemple est un chemin vers la communication avec soi même et avec le divin au plus profond de soi. Comme le disait Yehudi Menuhin : «  Il n’est pas nécessaire de méditer au nom de Jésus, de Bouddha ou de quoi que se soit. Il suffit de méditer. » Tout simplement. Méditer est un acte de communication de soi-même avec sa propre conscience. « Si on médite au nom de quelqu’un, l’on n’est plus vraiment libre. Disons que c’est une forme de prière, de religion, de soumission… Très peu pour moi ! » écrit André Compte Sponville. « Méditer au nom de Jésus ou de Bouddha, c’est toujours s’éloigner de ce que Simone Weil appelait « l’attention pure ». Cette prière ne demande rien, elle est sans mot, « pure présence à la présence ce que l’on peut vivre de plus haut en matière de spiritualité ».

 Mais, si cette communication humaine est nécessaire pour vivre ici maintenant ensemble, l’essentiel est son accomplissement dans une communion des personnes. La communication n’est pas un absolu ni un nouveau dieu qu’il nous faudrait adorer et servir comme le prétendent les média, la publicité et tous les pouvoirs politiques ou religieux. Sinon ce nouveau dieu ne manquerait pas de nous asservir, comme c’est le cas avec la musique chez beaucoup de nos jeunes aujourd’hui. On pourra toujours prendre ses distances dans un regard purement critique et extérieur sur la communication humaine, on s’expose à ne pas la comprendre dans sa profondeur spirituelle si on ne discerne pas ce pour quoi elle est appelée dans son être profond. L’extériorité de toute communication n’est qu’un moyen vers un but plus intérieur, être ensemble rassemblé dans la vérité, la liberté et le respect de chacun.

L’expérience spirituelle de même ne peut s’entendre qu’au dedans et à travers l’expérience d’une vie humaine. De même l’expérience humaine de la communication ne peut se comprendre sans cette dimension spirituelle de la communion des consciences. Comme toutes les grandes œuvres d’art, on ne peut les comprendre vraiment qu’en entrant soi-même dans l’émerveillement qui les a vu naître, comme l’exprime Rainer Maria Rilke : « La solitude qui enveloppe toutes les œuvres d’art est infinie, et il n’est rien qui permette de moins les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les appréhender, les saisir et faire preuve de justesse à leur endroit. » Sans ce vide médian, fait de silence et de détachement dans la communication elle-même, son accomplissement humain dans la communion des personnes ne peut advenir. La communion est le but fondamental d’une communication véritablement humaine, sinon c’est de la communication pervertie et bafouée à des buts simplement commerciaux, politiques ou religieux.



darbois.francois.free.fr/publications.../promenade_au_bord_du_vide.htm




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