samedi 9 novembre 2013

Suite et fin de la conférence d'Alain CHARLET

L'art est une fenêtre ouverte sur le mystère.

Tant de choses nous dépassent autour de nous, l'origine de notre univers, l'au delà de la mort, la signification de la souffrance et de la violence qui semble inscrite au cœur de l'homme,
 Dieu lui même que personne, hormis le Christ, n' a jamais connu et l'on pourrait ajouter à cette liste beaucoup d'autres sources d'étonnement et d'interrogation, pourquoi par exemple cet acharnement à vivre  et à se reproduire  chez tous les animaux et les végétaux, cet élan vital vers toujours plus de complexité ? 

De toutes ces choses, il est impossible et réducteur de n'en parler qu'avec des mots, les mots de tous les jours et c'est dans cette faille que l'art intervient pour ouvrir une fenêtre sur l'inexprimable,
le poète avec des métaphores, le musicien avec des sons, le peintre avec des images, le sculpteur avec des formes.

L'art est ainsi une médiation qui nous permet d'entrevoir une part du mystère.

On l'aura compris, mon propos dans cette réflexion n'était pas de parler d'un art religieux, au sens d’œuvres commanditées par l'église catholique ou toute autre confession, mais de parler du spirituel( certains diront du sacré) dans l'art.

Bien sur il existe fort heureusement des artistes qui s’intéressent au domaine religieux : mobilier d'églises, vitraux, architectures, musique...Mais il y a maintenant un consensus général pour qu'ils gardent leur entière liberté et ils rejoignent alors le cas général de la création.
 Et c'est dans cette création à laquelle participent tous les artistes qu'il faut discerner ce qui nous rejoint au cœur de nous même parce qu'il s'agit d'oeuvre authentiques , sincères, discrètes qui ne peuvent être qu'en accord avec ce qu'il y a de plus profond en nous.
Pour ces œuvres là, la route commence par le recueillement et le silence qui en est la condition.
Elle passe ensuite par l'interrogation devant le mystère de la création qui donne le désir d'en dévoiler une partie, d'en exprimer l'au delà  , avec de bien pauvres moyens: des pigments, de la terre, des pierres, des sons, arrangés par l'esprit et l’intelligence de l'artiste.

Dans la recherche d'une expression vraie, simple et limpide, il peut espérer toucher à l'infini mais les fausses pistes sont nombreuses: déversement des images et du bruit , provocations inutiles, recherche de l'originalité pour elle même, soif de répondre aux désirs du marché, utilisation de la polémique comme vecteur publicitaire, souci de servir une idéologie, spéculation...
A nous de faire le tri, en restant toutefois ouverts à la nouveauté, à l'élargissement du domaine de l'art, à l'abolition des frontières entre les différentes techniques car la créativité de l'homme est sans limites et il ne faut pas la brider mais au contraire s'en réjouir.  

Il est certain que si l'on passait toutes œuvres au crible des exigences que j'ai énoncées, il n'en resterait peut être pas beaucoup mais il faut évidemment nuancer cette hypothèse.
Certaines œuvres  moins exigeantes au départ, échappent à leurs auteurs par leur beauté, par leur adéquation mystérieuses à un site et deviennent chargées de spiritualité.  


prochainement l’interview  du philosophe Marcel GAUCHET

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